ONU: le modèle privatisé de l’eau au Chili à nouveau remis en question

03/10/2023

COMMUNIQUE DE PRESSE

Genève, le 3 octobre 2023 – Le modèle hydrique chilien, basé sur la privatisation des sources et de la gestion de l’eau, hérité de la dictature militaire (1973-1990), approfondi par les gouvernements de transition vers la démocratie et qui perdure encore aujourd’hui, est unique au monde. En d’autres termes, le secteur industriel (actif dans l’agro-exportation, les mines et l’énergie) possède la majeure partie de l’eau et, de ce fait, de nombreux territoires du pays sont déjà privés d’un accès suffisant et adéquat à cette ressource, ce qui menace fortement le droit à l’eau des communautés rurales et urbaines chiliennes.

Le jeudi 14 septembre 2023, le Mouvement pour la Défense de l’Accès à l’Eau, à la Terre et à la Protection de l’Environnement (MODATIMA) conjointement avec le CETIM (Centre Europe – Tiers Monde), ont présenté une déclaration lors de la séance plénière de la 54e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, lors d’un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement, M. Pedro Arrojo, lors duquel nous avons partagé les préoccupations des communautés touchées par le modèle privatisé de l’eau au Chili.

Dans leur déclaration, MODATIMA et le CETIM ont souligné que le modèle privatisé continue de favoriser la marchandisation de l’eau, mettant en péril le respect du droit à l’eau au Chili, en particulier face aux industries émergentes du lithium et de l’hydrogène vert, sur lesquelles les pays de l’hémisphère nord exercent une forte pression pour leur extraction, leur production et leur exportation rapides et intensives.

Nous avons également dénoncé la criminalisation du mouvement social qui lutte pour l’accès à l’eau et souffre de persécutions et d’attaques de la part d’un lobby qui veut maintenir ses privilèges.

Le modèle chilien de privatisation de l’eau est en place depuis plus de 40 ans. Face à des phénomènes mondiaux tels que le changement climatique, la sécheresse, les incendies de forêt et la perte de biodiversité, les communautés du pays se sentent profondément vulnérables et violées dans leurs droits fondamentaux, tel que l’accès à l’eau.

En conclusion de leur intervention, nos deux organisations ont exhorté le gouvernement chilien à respecter ses engagements internationaux en matière de droits humains, et en particulier en ce qui concerne les droits économiques, sociaux et culturels. Elles exhortent également le gouvernement à mettre en œuvre les différentes recommandations formulées par les deux derniers rapporteurs spéciaux.

Nous assurerons le suivi de cette question, en concertation avec le rapporteur spécial, en préparant un rapport sur l’état actuel du droit à l’eau au Chili, afin d’exiger de cet Etat qu’il prenne des mesures concrètes pour garantir ce droit précieux et vital pour les êtres humains du monde entier, à savoir, l’accès à l’eau. En d’autres termes, nous continuerons de nous battre pour que la défense et la promotion du droit à l’eau aient la priorité sur les intérêts économiques et commerciaux privés.

Voir l’intégralité de la session interactive avec le Rapporteur Spécial sur le droit à l’eau : https://media.un.org/en/asset/k1n/k1ni8mwib0 (intervention du CETIM-MODATIMA à 2:42:34)

Pour plus d’informations:

• Lire en espagnol la déclaration du CETIM et de MODATIMA

En 2020, MODATIMA et le CETIM ont entamé leur collaboration dans le cadre d’efforts de plaidoyer pour rendre visible et dénoncer les violations du droit à l’eau dans la région de Petorca devant les mécanismes de l’ONU. Dans ce contexte, les deux organisations ont soumis un rapport détaillé au rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’eau. Le même rapporteur a ensuite envoyé une communication au gouvernement pour exiger de rendre des comptes sur les violations subies par les communautés de Petorca.

Lire la réflexion de MODATIMA dans le contexte du 50e anniversaire (#50Años) du coup d’État militaire fasciste contre le processus de transformation sociale et populaire initié par Salvador Allende : un moment qui définit l’origine du modèle actuel de dépossession des biens communs.

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