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Le livre de Philippe Sauvin, est un livre courageux, bienvenu et nécessaire. Il brise les glaces de l’apartheid et nous fait voir un monde qui est tout autour de nous. Que nous refusons de connaître et d’admettre pour le changer.
Espérons que ce livre soit largement diffusé par les syndicats dans les milieux du travail en Suisse. Qu’il soit traduit en allemand, en italien et en romanche. Qu’il soit diffusé auprès des restaurateurs, des hôtels de passe, des bars et auprès des agriculteurs et des vignerons. Qu’il soit acheté par toutes celles et ceux qui ont engagé une femme de ménage au noir ou en passant par le système des chèques-paiement récemment instauré par les services de M. Pierre-François Unger, Conseiller d’Etat du Département de la santé et de l’action sociale du canton de Genève. Qu’il traîne dans les salles d’attente de l’administration, des médecins, des dentistes, dans les salons de coiffure et même au prochain Salon de l’automobile.
Grâce au livre, un monde de l’ombre, un monde invisible dans nos sociétés et pourtant bien présent apparaît en pleine lumière : femmes prostituées, femmes de ménage du personnel diplomatique des institutions internationales, travailleurs de l’hôtellerie-restauration où la « filière Asie » occupe une place prépondérante, jeunes filles et femmes travaillant dans le cadre dit familial élargi de l’immigration traditionnelle, vendeurs, musiciens de rue, travailleurs précaires du bâtiments que l’on appelle « prestataires de service », travailleurs clandestins, c’est-à-dire sans statut légal, requérant d’asile contraints d’exécuter des travaux dits « d’intérêt public », personnes au chômage contraintes d’accepter un travail dit « convenable ». On y trouve encore des personnes avec un permis de séjour et de travail impliquant des contraintes assimilables au travail forcé.
Grâce à la recherche, toutes ces personnes se mettent à « exister » d’une existence fragile, dans la vie sociale. Elles quittent le monde clandestin. Elles deviennent visibles. Nous comprenons mieux les mécanismes qui tentent de les confiner dans l’ombre, le non droit, l’exploitation cynique, le racisme.
Marie-Claire Caloz-Tschopp
La publication de la recherche de Philippe Sauvin intervient dans un moment politique crucial en Suisse : au moment où d’une part les attaques contre le droit d’asile se multiplient, et où d’autre part le Parlement s’apprête à débattre, début mai, du projet de nouvelle Loi sur les Etrangers (LEtr). Celle-ci, sans apporter de changement radical à la politique suivie jusqu’ici en matière d’immigration, va cependant dans le sens de restreindre encore davantage les possibilités d’immigration légale des ressortissants des pays non européens, et contribuera donc à rejeter encore plus de migrant·e·s dans l’illégalité.
Dans ce contexte, il serait essentiel que les forces syndicales, sociales et politiques qui travaillent sur le thème de la migration, unissent leurs efforts pour exiger du gouvernement suisse qu’il ratifie la Convention des Nations unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille. Cette Convention, entrée en vigueur le ler juillet 2003, vise à reconnaître dans les pays d’accueil des droits fondamentaux à tous les travailleurs migrants et leur famille, y compris aux migrant·e·s sans statut légal. Il s’agit là d’une revendication élémentaire et fondamentale à la fois, dès lors que l’existence de zones de non-droit, si elle est tolérée, menace de s’étendre et de devenir peu à peu le modèle dominant de développement imposé par le capitalisme mondialisé, ce qui sonnerait ainsi le glas des droits et acquis sociaux de la majorité de la population.
Anne-Marie Barone, CETIM