Le CETIM exprime sa profonde préoccupation au sujet des droits humains des communautés afro-colombiennes auprès du Conseil des droits de l’homme. La Colombie est l’un des pays du monde avec le plus grand nombre de déplacés internes.
Fait encore plus rare, ce sont des situations de déplacement prolongé. Le conflit armé entre le gouvernement et les mouvements insurgés a généré plus de 6 millions de déplacés internes. Plus de 30% de ces personnes sont des Colombiens de descendance africaine.
La 32e session du Conseil des droits de l’homme s’est tenue à Genève en juin de 2016. À cette occasion, le CETIM exprime sa préoccupation au sujet de la situation des communautés afro-colombiennes. Une population qui souffre actuellement de niveaux élevés d’exclusion sociale, racisme, répression et déplacement forcé de leurs terres ancestrales. Cette situation remonte à l’installation de la population africaine en Colombie, dans le cadre de la traite négrière pendant la colonisation espagnole. C’est précisément sur ce dernier point que le CETIM concentre son intervention. Raffaele Morgantini (CETIM) est intervenu pour dénoncer ces violations lors de la présentation du rapport annuel du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays. Pour lire ou voir l’intervention oral du CETIM au Conseil des droits de l’homme :
Dans le cadre du travail autour de cette problématique, le CETIM a reçu à Genève une délégation du Processus des communautés noires en Colombie (PCN), membres du Conseil de Paix Afro-colombien (CONPA). Le PCN fait partie des organisations partenaires du CETIM en Colombie dans le cadre d’une collaboration fondée sur la solidarité internationale avec les peuples qui luttent pour leurs droits fondamentaux. Un concours qui s’inscrit dans la raison d’être du CETIM. Une raison fondée sur le travail d’interface entre les mouvements sociaux du Sud et les mécanismes de protection des droits humains à Genève.
Au cours de la rencontre, les représentants du PCN ont partagé leurs préoccupations au sujet de deux questions en particulier :
1) L’exclusion de la voix afro-colombienne des négociations de paix entre le gouvernement et les guérillas.
Sur ce point, dans le cadre des négociations de paix, les représentants soulignent la nécessité de reconnaître les atteintes collectives et pas seulement individuelles aux droits humains des populations afro. Dans ce sens, le PCN exige que le gouvernement colombien doit:
a) procéder à la pleine intégration des communautés afro-colombiennes dans le registre des victimes du conflit armé.
b) assurer leur participation politique dans les négociations de paix.
2) La violation généralisée des droits de la population afro-colombienne; droits civils et politiques, mais notamment les droits économiques, sociaux et culturels.
Face à cette situation, il faut souligner l’importance pour les communautés afro-colombiennes de la Loi 70 de 1993, pour laquelle quatre chapitres sur sept n’ont pas encore été ratifiés à ce jour, qui postule le droit au territoire, le droit à l’identité culturelle, le droit de décider de leur propre voie de développement… le tout dans le cadre des aspirations culturelles de la collectivité afro-colombienne.
Au cours de cette journée de travail, le CETIM a organisé une rencontre dans ses locaux entre les représentants du PCN et Mireille Fanon-Mendès-France, membre du Groupe d’experts des Nations Unies sur les Afro-descendants. Une rencontre importante pour élargir les frontières du soutien à la lutte des communautés afro-colombiennes.
Peinture murale de Joel Bergner / Source : accionashe.blogspot.ch
Attilio Bernasconi (Université de Lausanne, membre du PCN), Mireille Fanon-Mendès-France (Groupe d’experts des NU sur les Afro-descendants), Naka Mandinga (fondateur du PCN) et Sarah Quiñones (PCN)