COMMUNIQUE DE PRESSE
Genève, le 3 mars 2021 – «En Colombie, un⋅e leader des mouvements sociaux est assassiné⋅e toutes les 41 heures», dénoncent FENSUAGRO et le CETIM devant le Conseil des droits de l’homme.
La présidente de la Federación Nacional Sindical Unitaria Agropecuaria (FENSUAGRO) de Colombie – organisation membre de La Via Campesina (LVC) – s’est adressée à l’assemblée plénière de la 46ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Nury Martinez a dénoncé la répression systématique des organisations paysannes en Colombie par les paramilitaires, ainsi que le non-respect des Accords de paix et la poursuite de la violence étatique et paramilitaire contre les leaders des mouvements sociaux. « Cinq ans après les accords de paix, plus de 1000 leaders des mouvements sociaux ont été assassiné⋅e⋅s, pour la plupart des paysan⋅ne⋅s, des indigènes et des communautés afro-descendantes, ce qui veut dire qu’en Colombie, un⋅e leader des mouvements sociaux est assassiné⋅e toutes les 41 heures», relève Nury Martinez.
Par l’intermédiaire du CETIM, avec le soutien des Amis de la terre international et de FIAN International (organisations alliées de LVC), la leader paysanne a participé aux débats de la session à l’occasion de la présentation du rapport annuel du Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Colombie.
Il convient ici de relever le fait que le rapport en question rejoint les inquiétudes des organisations et mouvements sociaux sur le terrain, en ce qui concerne « l’absence de progrès dans l’adoption d’une politique publique et pénale sur le démantèlement des organisations criminelles, y compris celles qui ont été désignées pour succéder au para-militarisme et de leurs réseaux de soutien (tel que prévu dans l’accord de paix) ». Face à ce constat, le Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Colombie réitère l’urgence de procéder au démantèlement du para-militarisme.
Dans son intervention, Nury Martinez souligne la répression particulièrement violente contre les paysan⋅ne⋅s colombien⋅ne⋅s et contre son organisation : « Depuis sa fondation, FENSUAGRO a été soumis à diverses formes de harcèlement. Plus de 700 de nos affilié⋅e⋅s ont été assassiné⋅e⋅s ou ont disparu, dont des paysan⋅ne⋅s qui tentaient de retourner sur leurs terres. Cependant, nous ne connaissons pas le chiffre exact car les proches des victimes ont peur des représailles et ne dénoncent pas tous les cas. »
L’État colombien est de facto responsable de ces violations et doit respecter ses engagements nationaux et internationaux en matière de droits humains. Ce sont les conditions de base pour la construction d’une paix effective et durable pour le peuple colombien. Face à cela, Nury Martinez a exhorté le Conseil des droits de l’homme d’exiger que le gouvernement mette en place des politiques « de changement structurel qui s’attaquent aux causes historiques du conflit armé, à savoir le problème de la terre, de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans les zones rurales », mais également que le gouvernement « abolisse le para-militarisme » et « s’engage à respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales ».
Plus d’information :
– Voir l’intervention de Nury Martinez au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
– Lire le texte complet de l’intervention en espagnol
– Lire le rapport annuel du Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Colombie en anglais.
Le CETIM a publié en 2018 un livre bilingue (français et espagnol) « La Colombie vers la paix. Rencontres et réflexions sur le terrain » qui fait le point sur l’état de la mise en œuvre des Accords de paix, tout en formulant des recommandations concrètes.
Le CETIM et FENSUAGRO avaient déjà collaboré dans le cadre d’une étude de cas sur la situation colombienne présentée dans la publication « Le droit à la terre » (Ed. CETIM, Genève, 2014, Collection « Série droits humains ») disponible en trois langues gratuitement.
Contact presse :
Marie-France Martinez +41 (0)22 731 59 63 // 079 290 08 05 – contact@cetim.ch