En automne 2021, le Secrétaire général de l’ONU devrait convoquer un Sommet sur les systèmes alimentaires.
Par ce sommet, l’ONU vise l’élaboration « des principes pour orienter les gouvernements et les autres parties prenantes comptant tirer parti de leurs systèmes alimentaires pour atteindre les objectifs de développement durable. » Un rassemblement virtuel de pré-sommet est déjà prévu à Rome entre les 19 et 21 juillet 2021.
Le CETIM est vivement préoccupé par le processus de préparation du sommet, qui a été caractérisé par son opacité et par la mainmise des compagnies agroalimentaires transnationales, alors que les mouvements sociaux et les organisations rurales sont plutôt relégués au rôle de figurants. Dans une analyse intitulée « État de siège sur un Sommet. À propos du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires 2021 », le mouvement international paysan La Vía Campesina (LVC) dénonce ces manœuvres.
Le CETIM a porté les enjeux liés à ce sommet devant différentes instances onusiennes. Ainsi, notre organisation a donné la parole à une dirigeante de LVC qui a présenté nos préoccupations communes sur ledit sommet devant la 46e session du Conseil des droits de l’homme.
Dans une déclaration écrite présentée au Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social qui se tiendra mi-juillet 2021, le CETIM analyse plus en détail ces enjeux. Parmi ceux-ci, le plus inquiétant est que « le Sommet semble se concentrer uniquement sur une approche des systèmes alimentaires basée sur les solutions de l’économie de marché – qui se sont pourtant avérées incapables de résoudre les problèmes de la faim, des inégalités et de la crise climatique – en ignorant les solutions durables des systèmes alimentaires paysans, comme l’agroécologie, désormais inscrites dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. L’agroécologie est une approche fondée sur la recherche de l’équilibre écologique des milieux agricoles, mais se veut également un moteur de justice sociale et d’autonomisation des communautés rurales locales. »
Le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, M. Michael Fakhri, est également préoccupé par les préparatifs du sommet. Selon lui, ce dernier porte actuellement sur « un seul type de politique, l’agriculture intensive durable, également connue sous le nom de nouvelle révolution verte ». Pour l’expert onusien, « tout comme l’agriculture intensive industrielle, l’agriculture intensive durable repose sur des processus et des technologies à forte intensité de capital, ce qui revient à maintenir le statu quo s’agissant de l’économie politique actuelle du système alimentaire ».
Le sommet onusien doit impérativement tenir compte de ces préoccupations. Il doit également assurer la participation des organisations rurales de manière transparente s’il veut avoir une légitimité démocratique.