COMMUNIQUE DE PRESSE
Nous soussignés, affirmons notre pleine solidarité avec la société civile palestinienne, et demandons au ministère israélien de la Défense et aux Forces de défense israéliennes (FDI) d’annuler leurs décrets récemment promulgués contre six des plus importantes organisations de défense des droits humains en Palestine occupée.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a diffusé le 19 octobre 2021 une ordonnance militaire qui classe comme « organisations terroristes » six organisations de la société civile palestinienne. Ces organisations sont Addameer, al-Haq, Defense for Children Palestine, Union of Agricultural Work Committees, Bisan Center for Research and Development, et Union of Palestinian Women’s Committees. Quelques jours plus tard, le 7 novembre, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont classé ces mêmes organisations « non autorisées », ouvrant la voie à de nouvelles poursuites. C’est là le dernier exemple en date d’une série d’allégations infondées prononcées par le gouvernement israélien contre des organisations palestiniennes de défense des droits humains.
Les mesures prises récemment par le gouvernement israélien pour criminaliser et tenter de réduire au silence ces six organisations représente la dangereuse accélération d’une tendance que nous observons dans l’ensemble du monde. Sont visées les organisations de défense des droits humains, et tout particulièrement celles qui défendent la terre, l’eau, les territoires et la planète.
L’occupation israélienne prive les Palestiniens d’un accès et d’un contrôle sur leurs propres terres, eaux, territoires et biens communs depuis des décennies. Cette occupation est à l’origine de graves violations des droits humains et environnementaux perpétrées à l’encontre du peuple palestinien, notamment par la pollution, par la destruction des moyens de subsistance, par un accaparement des terres et des eaux, par des lois d’urbanisme discriminatoires, par les expulsions et les déplacements forcés, par la violence armée, par la torture et la destruction de vies humaines.
Les six organisations que le gouvernement israélien a criminalisées font partie du socle de la société civile palestinienne qui, depuis des décennies, protège et fait progresser les droits humains des Palestiniens sur l’ensemble des questions pertinentes à l’échelle mondiale, notamment les droits des enfants, les droits des prisonniers, les droits des femmes, les droits socio-économiques, les droits des travailleurs agricoles, la justice et la responsabilité des crimes internationaux. Ce décret représente une nouvelle étape dramatique dans ce processus de criminalisation, et reflète les efforts déployés pour réduire au silence la société civile palestinienne qui s’oppose à l’occupation inhumaine par le gouvernement israélien. Ces décisions communiquées permettent au gouvernement israélien de fermer des bureaux, d’arrêter des membres du personnel de ces organisations qui sont criminalisées, et de saisir leurs biens. Les sanctions sont susceptibles de s’étendre aux personnes qui aident ou sont en contact avec les organisations criminalisées.
Frontline Defenders a présenté des conclusions selon lesquelles six organisations palestiniennes de défense des droits humains, notamment ONG désignées comme organisations terroristes, ont été piratés avec Pegasus, un logiciel d’espionnage développé par la société de cyber-surveillance NSO Group. Ce logiciel d’espionnage était actif en 2020 et 2021, avant que ces organisations soient classées comme terroristes. Cela illustre à nouveau l’échec de la politique d’entreprise de NSO relatives aux droits humains, et le manque de capacité ou de volonté du gouvernement israélien d’imposer aux entreprises des réglementations relatives aux droits humains. Et cela entraîne de profondes conséquences en matière de violations des droits des Palestiniens qui organisent et défendent les droits humains.
Dans l’ensemble, ces mesures prises par le gouvernement israélien constituent une menace pour la sûreté et la sécurité des personnes qui font partie de ces organisations, pour les organisations en elles-mêmes, et pour les activités très importantes menées par ces organisations afin de promouvoir et de protéger les droits humains.
Cette mesure injuste et infondée a été vivement critiquée par les organisations de la société civile du monde entier [VOIR CI-DESSOUS]. Les personnes qui défendent la paix, la justice et les droits humains à travers le globe demandent à Israël de revenir sur cette décision illégale et radicale.
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a récemment déclaré dans un communiqué:
« L’interdiction d’organisations ne doit pas être utilisée en vue de bafouer ou de nier le droit à la liberté d’association, ou pour étouffer l’opposition politique, faire taire les opinions peu populaires ou limiter les activités pacifiques de la société civile. Les autorités nationales responsables de l’interdiction d’organisations doivent se conformer pleinement aux obligations internationales de l’État en matière de droits humains, notamment en respectant les principes de sécurité juridique, de proportionnalité, d’égalité et de non-discrimination. »
L’Union des comités de travail agricole (Union of Agricultural Work Committees, UAWC) est la plus grande organisation agricole de Palestine, créée en 1986 pour améliorer la situation des agriculteurs et des pêcheurs palestiniens. L’UAWC a reçu le prestigieux prix Équateur en 2014, décerné par l’Agence des Nations unies pour le développement, pour son travail exceptionnel en matière d’agriculture durable et de préservation des semences locales grâce à sa banque de semences. En Cisjordanie, les travaux de l’UAWC se concentrent principalement sur la « zone C », des zones rurales dans lesquelles Israël poursuit explicitement l’objectif d’annexer, dans lesquelles son processus d’expansion des colonies illégales a accéléré. Notons qu’une semaine après la déclaration de Gantz, Israël a annoncé son intention de construire 3 144 nouveaux logements dans des colonies illégales en Cisjordanie.
Les travaux de l’UAWC, tout comme ceux des cinq autres organisations accusées, sont essentiels à la construction d’un monde juste, équitable et durable, libéré de tous les systèmes d’oppression, notamment le patriarcat, le colonialisme, le racisme et le classisme.
En tant que mouvements sociaux et organisations de la société civile, nous nous joignons à des centaines d’autres organisations à travers le monde, qui se sont levées pour dénoncer cette injustice. Nous appelons la communauté internationale, en particulier le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le gouvernement américain, les membres du Parlement européen et les gouvernements européens à :
Nous vous invitons à vous mobiliser tous ensemble le 29 novembre, Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, afin de dénoncer cette criminalisation alarmante des organisations de la société civile (OSC) palestiniennes qui résistent à une politique d’occupation inhumaine, et qui s’efforcent de soutenir la population palestinienne de manière à ce qu’elle survive dans ces circonstances dramatiques.
Vous pouvez agir en participant aux actions suivantes :
Nous sommes totalement solidaires, à l’échelle internationale, avec les six ONG palestiniennes et le peuple palestinien, et nous demandons l’arrêt définitif de l’occupation des terres palestiniennes et la fin de cette violence et de cette criminalisation scandaleuses.
Veuillez signer la déclaration ici.
Amis de la Terre International, La Vía Campesina, La Marche Mondiale des Femmes, FIAN International, GrassRoots International, Bizilur, CETIM