A Nairobi, la parole aux lobbies

13/06/2024

Le Sommet de l’Avenir de l’ONU se tiendra à New York en septembre prochain avec pour objectif de « renforcer la coopération » et « de combler les lacunes de la gouvernance mondiale ». Afin de préparer et soutenir ce sommet, l’ONU a convoqué une Conférence de la société civile les 9 et 10 mai dernier à Nairobi (Kenya). Participant à cette conférence, le CETIM a parallèlement coorganisé un atelier avec la Fondation Rosa Luxembourg-Genève (FRL) avec le soutien de diverses organisations locales.

La conférence de Nairobi avait pour but de « donner une occasion à la société civile de participer au processus de préparation » du prochain Sommet de l’Avenir des Nations Unies. Très engagé dans ce domaine, le CETIM s’est donc joint aux préoccupations exprimées par diverses organisations au travers d’une lettre ouverte sur le contenu du Sommet et sur la capacité pour les organisations de base d’influer réellement sur ses résultats. À cet égard, il s’agissait notamment de dénoncer l’emprise des sociétés transnationales sur ce processus.

Il est à remarquer que, durant cette conférence, ce sont avant tout les représentant·es des pays européens (Union européenne, Danemark et Allemagne) et les lobbyistes en lien avec les sociétés transnationales occidentales qui se sont exprimé·es. Ayant des moyens et étant aussi parfois des donateurs, ils exercent une influence considérable sur la prise de décision ainsi que sur le financement des programmes.

La Conférence de la société civile des Nations Unies était un rassemblement hétérogène regroupant des centaines d’organisations indépendantes de la société civile et d’authentiques activistes des mouvements sociaux. Ces derniers, qui remettent en question les Objectifs de développement durable (ODD) dont l’échec est programmé, ainsi que les inégalités croissantes et l’extension des économies de guerre, ont été contraints d’écouter les influenceurs gouvernementaux et non-gouvernementaux du Nord. Malgré leurs discours sur la durabilité, ces influenceurs n’avaient aucune considération pour des défis tels que la souveraineté alimentaire, la santé et l’éducation pour tous, le droit au développement décolonisé, la dette climatique envers les peuples du Sud global.

Ces enjeux cruciaux ont été par ailleurs traités lors de l’atelier hors-site coorganisé par le CETIM et RLS, après la session de clôture de la Conférence, sur le thème « Dépasser la configuration asymétrique – vers une participation équitable des communautés au Sommet de l’Avenir ».

Cet événement, qui a rassemblé quarante-cinq organisations locales et internationales, a été l’occasion de discuter de l’exclusion de la vision critique lors de la conférence et du multi-partenariat arrangé. (multistakeholderism). Il a aussi été question de l’emprise des sociétés transnationales (corporate capture) sur le prochain sommet, promue par des diplomates du Nord.

Publié le 14 mai 2024, le projet de déclaration finale de la Conférence ne contient que des formules creuses et ne mentionne ni les causes profondes de l’échec des ODD, ni l’absence de mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement, ni l’accroissement des inégalités sociales et économiques entre les pays et à l’intérieur même des pays. Ce projet de déclaration nous répète que « le système commercial mondial est un moteur du développement durable » sans aucune critique et sans tenir compte les implications de l’architecture financière internationale. C’est dire à quel point l’objectif affiché du sommet de New York d’apporter des « solutions multilatérales pour un avenir meilleur » semble compromis.

Catégories Articles Bulletin Droit au développement Droits économiques, sociaux et culturels
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