Le CETIM et ses partenaires ont saisi les mécanismes de protection des droits humains des Nations Unies pour dénoncer l’impunité des auteurs des massacres de Sacaba et Senkata.
Suite à la rupture institutionnelle en Bolivie et des violations des droits humains commis dans ce cadre, le CETIM, le Centre d’études juridiques et sociaux (CELS), le Réseau Andin d’Information, l’Association pour les droits humains – Bolivie et le Réseau universitaire des droits humains ont saisi les mécanismes de protection des droits humains des Nations Unies pour dénoncer l’impunité des auteurs des massacres de Sacaba (Cochabamba, 15 novembre 2019) et de Senkata (El Alto, La Paz, 19 novembre 2019), perpétrés par les forces de l’ordre. Les deux événements se sont produits après la démission forcée d’Evo Morales, suivie de l’autoproclamation de Jeanine Áñez à la présidence.
Les nombreuses preuves présentées montrent que les forces armées et la police ont utilisé des armes létales pour réprimer les manifestations contre le non-respect de l’ordre constitutionnel par le gouvernement autoproclamé d’Añez, faisant 21 morts et plus de 70 blessés. Aucun soin médical n’a été fourni aux victimes de la répression. Au contraire, dans les deux cas, des témoins affirment que les personnes qui ont essayé de leur porter secours ont également été visées par des tirs. Le 14 novembre 2019, un jour avant le massacre de Sacaba, Áñez avait signé un décret garantissant l’impunité des forces armées.
Les documents que nous avons soumis à l’ONU reposent sur des preuves abondantes, notamment des dizaines d’enregistrements audio, d’images, de vidéos et d’entretiens obtenus par des organisations boliviennes et internationales.
Aucune enquête judiciaire n’a pu être menée à ce jour pour déterminer les responsabilités des meurtres et des blessures graves infligées aux personnes exerçant leur droit de manifester. Au contraire, dans les semaines qui ont suivi les événements, des preuves ont été détruites, de nombreux témoins ont été victimes de tortures et menaces, les forces armées et de sécurité ont refusé de donner au procureur de la République des informations sur les personnes qui commandaient les opérations, les unités mobilisées ou les armes qu’elles portaient. De plus, des personnes sont toujours détenues arbitrairement pour avoir participé aux manifestations de novembre.
La persécution politique et la criminalisation des personnes et organisations qui réclament le respect de l’ordre constitutionnel et manifestent contre la politique répressive du gouvernement de facto n’ont depuis pas cessé : elles se sont même aggravées. Ces dernières semaines, les mouvements syndicaux et paysans se mobilisent dans tout le pays pour revendiquer le retour à la démocratie. Depuis, il y a également des groupes paramilitaires qui sont mobilisés, en complicité avec les forces de l’ordre, pour terroriser les manifestants.
La rupture institutionnelle de novembre 2019 en Bolivie a généré une spirale de violence alarmante.
La situation politique dans le pays est très tendue, notamment à cause d’un processus électoral présidentiel qui approche. En raison de cela, il est à craindre que de nouveaux massacres soient commis.
Le CETIM et ses organisations partenaires continueront d’être attentifs et suivront de près l’évolution de la situation en Bolivie, tout en exigeant la vérité et à la justice pour les victimes des massacres. Les auteurs de ces massacres doivent être traduits en justice et les personnes détenues arbitrairement doivent être libérées. Nous mettrons tout en œuvre pour le rétablissement de la démocratie et le respect des droits humains dans le pays.