Chili : Les violations des droits du peuple Mapuche dénoncées à nouveau devant l’ONU

25/03/2025

COMMUNIQUE DE PRESSE

Chili : Les violations du droit du peuple Mapuche à l’autodétermination dénoncées à nouveau devant l’ONU

Genève, Santiago du Chili, 25.03.2025

Le 20 mars 2025, dans le cadre de la 58e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Hector Llaitul Carrillanca, membre de la communauté Mapuche, actuellement emprisonné, par l’intermédiaire de son avocat Alberto Espinoza et avec le soutien du CETIM, a présenté devant cet espace multilatéral des droits humains une nouvelle dénonciation à l’encontre de l’État chilien. L’accusation: avoir enfreint de manière flagrante les normes du droit international des droits humains concernant le peuple autochtone et ancestral Mapuche habitant le territoire appelé Walmapu.

Auparavant, la «Coordinadora Arauco-Malleco» (CAM) et le CETIM avaient déjà dénoncé les violations des droits du peuple Mapuche en 2017 et 2018 (1).

Depuis la constitution de l’État chilien, et même avant sous la domination espagnole, le peuple Mapuche a été soumis à une politique systématique et généralisée de persécution, de discrimination, de racisme et de criminalisation, en raison de sa résistance à la domination et de sa lutte continue pour son territoire, afin de conserver ses formes culturelles profondément enracinées dans la terre. En effet, pour le peuple Mapuche, le territoire et la terre ont une importance politique, économique et culturelle, liée à la souveraineté, à l’autonomie, à la vie, à l’intégrité sociale et à une vision du monde propre à un peuple ancestral.

Pour la revendication des territoires usurpés par la colonisation soutenue par l’État chilien, le peuple Mapuche a été persécuté. Les autorités ont contribué à une institutionnalisation au service de la répression a été mise en place, à la militarisation du territoire ancestral Walmapu, à la déclaration d’état d’urgence constitutionnel, tout en méconnaissant le droit à l’autodétermination. Ainsi, la culture Mapuche a été subordonnée et soumise à un modèle de société prédateur et extractiviste, affectant leur mode de vie et leur souveraineté en tant que peuple Mapuche.

Des terres destinées à la culture et faisant historiquement partie du Walmapu sont aujourd’hui entre les mains d’entreprises transnationales forestières, privant le peuple Mapuche de son territoire, du droit à l’eau et aux ressources naturelles. L’État chilien a développé une législation héritée de la dictature militaire pour réprimer et criminaliser le peuple Mapuche, comme la loi antiterroriste et la loi de sécurité de l’État, qui ont permis d’articuler institutionnellement le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire avec la même finalité répressive, ignorant l’application de la Convention 169 de l’OIT sur les peuples indigènes. Cela s’est matérialisé par une persécution obstinée et personnalisée contre Héctor Llaitul Carrillanca, Werken (porte-parole) et leader de la CAM, emprisonné et torturé pendant la dictature de Pinochet, et actuellement condamné à 23 ans de prison, dont 15 pour apologie de la violence, en raison de ses opinions et discours revendicatifs du territoire Mapuche et de l’autonomie culturelle. Il purge cette condamnation injuste et arbitraire dans un régime carcéral inhumain et dégradant qui affecte directement son droit à la vie, à l’intégrité physique et psychique et ses droits culturels. Cette persécution pénale s’est également abattue sur son fils Pelentaro Llaitul, contre qui le Ministère public et le Ministère de l’Intérieur du gouvernement du Président Boric demandent 100 ans de prison.

Héctor Llaitul et le CETIM ont ainsi exhorté l’État chilien à respecter ses engagements internationaux en matière de droits humains, à mettre fin à la militarisation du Walmapu (territoire Mapuche), à libérer tous les prisonniers politiques Mapuche, mettant terme aux régimes carcéraux inhumains et dégradants. Ils ont également demandé au Conseil des droits de l’homme de prendre les mesures nécessaires pour garantir et respecter les droits du peuple Mapuche, y compris le droit à l’autodétermination. La CAM se joint à cet appel dans tous ses termes.

Voir la vidéo de l’intervention avec sous-titres en français ici

Contact : Raffaele Morgantini, Représentant du CETIM auprès de l’ONU, raffaele@cetim.ch

Notes:

(1) Actions et initiatives de plaidoyer pour le respect des droits du Peuple Mapuche développés par le CETIM, en partenariat avec la CAM, en 2017 et 2018:

https://www.cetim.ch/defense-mapuche-chili/

https://www.cetim.ch/wp-content/uploads/3419_A_HRC_39_NGO_CETIM_Sub_Fr.pdf

https://www.cetim.ch/wp-content/uploads/DecEcrite_CETIM_Chili2017_FR.pdf

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