Conférence parallèle : vers l’adoption d’une Déclaration sur les droits des paysans

11/07/2018

Le side-event intitulé « Vers l’adoption d’une Déclaration sur les droits des paysan.ne.s et d’autres personnes travaillant en zone rurale : comment rendre visible pour tous la valeur ajoutée de cet outil crucial ? » s’est tenu en avril 2018, parallèlement aux négociations de la cinquième session du groupe de travail sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Pour les panélistes, un constat s’impose : les droits des paysan-ne-s sont violés au quotidien. Geneviève Savigny, membre de la Confédération paysanne (syndicat agricole français) et représentante de la Coordination européenne Via Campesina, va même jusqu’à affirmer qu’être paysan est aujourd’hui un combat. En effet, pour elle, la notion de paysan est perçue comme étant péjorative. Dévalorisé, le métier est de plus en plus délaissé par les jeunes, du fait des difficultés qui y sont associées et de la faiblesse des revenus.

Parler d’urgence n’est nullement excessif. Les communautés paysannes font sans cesse l’objet de déplacements, de persécutions, d’assassinats et d’emprisonnements (notamment les femmes). Par ailleurs, les grandes multinationales s’accaparent les terres et les océans, ce dont s’indigne Jorge Valera, représentant du Forum mondial des Pêcheurs. En effet, les grandes entreprises utilisent des méthodes de pêche non durables, détruisant ainsi les mers et les poissons, tandis qu’elles rapprochent progressivement leurs zones d’activités des côtes, ce qui déplace les petits pêcheurs. De plus, pour George Fernandez, les monocultures établies par ces multinationales entraînent l’utilisation de pesticides et en conséquence la contamination des terres, tout en portant atteinte aux systèmes de production locaux.

Bien qu’il y ait d’ores et déjà une Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, Saul Vicente, représentant du Conseil international des traités indiens, estime qu’il est important pour les autochtones de se joindre au processus de la déclaration afin de revendiquer des droits concrets n’apparaissant pas forcément dans le texte dédié aux autochtones, comme le droit aux semences. Par conséquent, la Déclaration sur les droits des paysans vient renforcer la Déclaration sur les droits des autochtones.

Le représentant de la Via Campesina Afrique de l’Ouest et du centre, M. Ndiakhate Fall, estime quant à lui que la Déclaration suscite de grands espoirs pour le continent africain. Les paysans africains sont en effet confrontés à de multiples violations de leurs droits humains, civiques et politiques, ainsi qu’à de nombreuses expropriations et pertes de biodiversité et de semences. Cet outil permettra ainsi de compiler tous les droits en un seul instrument, tout en renforçant le fait que les paysans sont essentiels pour notre futur.

Au cours des débats ayant suivi ces présentations, les délégations de l’Équateur, de la Bolivie et de la Suisse ont réitéré leur soutien à la Déclaration.

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