Le CETIM est alarmé par la crise politique qui sévit actuellement au Honduras, crise caractérisée par une militarisation croissante des institutions et le mépris des engagements de son gouvernement en matière de droits humains.
Cette situation met en danger le respect des normes démocratiques les plus élémentaires et la jouissance par les Honduriens de leurs droits humains.
Un climat de haute tension et de violence, provoqué par une répression politique et militaire brutale, règne dans ce pays. Des témoignages de première main rapportent des assassinats et disparitions forcées.
Suite aux élections présidentielles du 26 novembre 2017, le Tribunal suprême électoral avait annoncé en tête du scrutin Salvador Nasralla, le candidat de l’Alliance contre la Dictature. Mais dans un second temps, ce même Tribunal a de façon incompréhensible inversé son verdict et a déclaré l’actuel président Juan Orlando Hernández (connu pour son implication dans le coup d’État de 2009) comme gagnant. L’Alliance contre la Dictature dénonce un processus électoral frauduleux. Les observateurs de l’Union européenne semblent accréditer cette position et l’Organisation des Etats américains a déclaré ne pas reconnaître les résultats des élections en question.
Face à cette situation, le peuple hondurien a manifesté pacifiquement pour exiger la transparence du processus électoral et le respect de la démocratie. Le gouvernement en place, dirigé par l’actuel président Juan Orlando Hernández, candidat par ailleurs à sa propre succession, a répondu en décrétant l’état d’urgence et en réprimant ces manifestations. Il s’agit d’une décision inconstitutionnelle, prise à un moment crucial, alors même que le processus de révision des registres électoraux et recomptage des voix n’a pas encore commencé.
Depuis, au moins 11 personnes ont été tuées par la police et les forces militaires et des dizaines d’autres ont été blessées. Le gouvernement hondurien suspend ainsi les droits constitutionnels, en violant systématiquement non seulement les droits légitimes d’expression, d’association et de protestation du peuple hondurien, mais aussi leur droit à la vie.
Au vu des risques que la situation se dégrade davantage, le CETIM a demandé au Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU de se rendre au Honduras pour enquêter sur la transparence du processus électoral et sur les violations des droits humains commises.