Avec un soutien étatique massif, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a créé en octobre dernier un mécanisme international de suivi sur les droits des paysan·nes, en ouvrant un nouveau chapitre prometteur dans leur mise en œuvre.
La création de ce mécanisme constitue une étape cruciale dans le processus de mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (la Déclaration), adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 2018.
Dès le printemps prochain, un groupe de cinq expert·es indépendant·es sera chargé de la promotion et de la mise en œuvre de la Déclaration. Il jouera un rôle essentiel en identifiant et en promouvant les meilleures pratiques ainsi que les leçons apprises, tout en favorisant la collaboration et le renforcement des capacités dans la poursuite de ces objectifs.
Après bien des années, les titulaires des droits contenus dans la Déclaration et leurs alliés disposent enfin d’un espace international de dialogue et de plaidoyer politique. La création de ce mécanisme international de suivi sur la Déclaration démontre l’intérêt grandissant pour la paysannerie familiale, la production alimentaire, la préservation de la biodiversité et celle de l’environnement au niveau mondial. Elle représente également la prise de conscience de l’écrasante majorité des États de la nécessité de réformer le système alimentaire dominant, en visant à changer ce modèle destructeur, axé sur le profit, et à promouvoir des systèmes centrés sur l’être humain le plus possible en harmonie avec son environnement. La Déclaration constitue un instrument qui, si elle est mise en œuvre à travers le monde, permettra de jeter les bases sur lesquelles construire de meilleures politiques publiques pour la souveraineté alimentaire, l’agroécologie, la justice climatique et la réforme agraire, ainsi qu’en termes de protection contre la criminalisation des luttes paysannes. Le but final est de construire des sociétés socialement justes, en se concentrant sur le bien-être et la dignité de toutes et tous, en premier lieu pour celles et ceux qui vivent dans les zones rurales.
La Suisse traîne des pieds
Bien que la Suisse ait joué un rôle important en soutenant l’élaboration puis l’adoption de la Déclaration, son engagement pour sa mise en œuvre laisse à désirer. C’est pourquoi, la coalition « Les Ami-e-s de la Déclaration – Suisse », s’est penchée sur les mesures que la Confédération helvétique devrait prendre pour soutenir la mise en œuvre de la Déclaration en Suisse et à l’étranger. En ce sens, elle a élaboré un rapport sur la politique nationale[1] et un autre sur la politique extérieure[2] exhortant le Conseil fédéral à travailler avec les organisations paysannes et leur alliés à la mise en œuvre concrète de la Déclaration tant au niveau national qu’international.
Voir le communiqué de presse du CETIM, de LVC et de FIAN
Voir aussi le document de position de « Les Ami-e-s de la Déclaration – Suisse » sur le processus de promotion et mise en œuvre de la Déclaration en Suisse
[1] UPR-2023-Switzerland-FOD-UNDROP-in-CH-National-Policy-21.9.2022.pdf (cetim.ch)
[2] UPR-2023-Switzerland-FOD-UNDROP-in-CH-Foreign-Policy-21.9.2022.pdf (cetim.ch)