Equateur : chaos et violations des droits humains

13/06/2024

Jusqu’en 2017, la République de l’Equateur figurait parmi les pays les plus sûrs d’Amérique latine. Pourtant, les données de janvier 2024 révèlent une triste réalité : le pays est devenu le plus violent de la région.

Lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme à Genève, le CETIM a dénoncé les politiques néolibérales du gouvernement équatorien visant à démanteler les politiques publiques, frappant ainsi de plein fouet les droits des plus vulnérables. En effet, depuis 2017, le peuple équatorien subit une érosion accélérée de ses droits économiques, sociaux et culturels.

La suppression des politiques publiques et les coupes budgétaires drastiques dans le domaine social, ainsi que le démantèlement des structures étatiques dans le domaine sécuritaire ont eu comme conséquence une hausse vertigineuse de la pauvreté et du chômage, attirant davantage de jeunes des quartiers défavorisés dans les filets des réseaux criminels et favorisant par la même occasion l’essor de la criminalité organisée.

L’insécurité qui sévit aujourd’hui en Équateur découle d’une série de facteurs complexes et complémentaires. Si le rôle du crime organisé est indéniable, les dysfonctionnements internes jouent un rôle tout aussi déterminant. Entre 2017 et 2024, le pays a été le théâtre d’une mutation rapide vers un modèle néolibéral radical, caractérisé par la privatisation rampante, la dérégulation économique et la dégradation des services publics. Cette dérive néolibérale s’accompagne d’une corruption endémique, de la mainmise des groupes criminels sur la gestion carcérale et de législations favorisant le blanchiment d’argent sale. Une étude récente pointe du doigt le système financier équatorien, complice présumé du blanchiment de 3,5 milliards de dollars d’actifs illicites. En parallèle, les accords de protection des investissements ont ouvert la voie à une exploitation sans entraves de la part des géants de l’industrie minière et pétrolière, au détriment des populations locales.

Face à cette crise qui s’enracine, l’Equateur se trouve à un tournant crucial : une réaction gouvernementale ferme et ciblée s’impose pour rétablir la sécurité et protéger les droits fondamentaux de ses citoyen·nes, conformément à ses engagements internationaux. Le gouvernement équatorien doit en priorité renoncer aux « services » des groupes criminels, mettre fin au démantèlement des prérogatives étatiques et aux privatisations des services publics, tout en régulant les activités des sociétés transnationales.

C’est en ce sens que le CETIM a appelé le Conseil des droits de l’homme à activer tous les organes et mécanismes pertinents pour suivre de près la situation en Equateur afin de protéger les droits humains de sa population.

Lire la déclaration du CETIM en espagnol

Voir la vidéo de la déclaration orale sous-titrée en français

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