Dans un petit livre,
Dialogue inégal, publié à la fin des années
70 alors que l'échec de la mise en place d'un Nouvel ordre
économique international (NOEI) était déjà
pratiquement consommé, Samir Amin et Julius Nyerere soulevaient
la nécessité, pour les pays du Sud notamment, de penser
leur développement de façon autocentrée s'ils
veulent qu'il réponde aux besoins de leur population. Cela
implique une certaine "déconnexion" par rapport
aux impératifs du commerce mondial. Pour préserver
leur indépendance, leur autonomie et faire front aux politiques
qui leurs sont imposées de l'extérieur, les pays du
Sud, n'ont d'autres recours que de s'unir et de s'épauler,
malgré des régimes politiques parfois très
différents, préconisait Nyerere.
20 ans après, le discours dominant affirme que la mondialisation
est "inéluctable" et qu'il n'y a pas d'autres choix
pour les pays du Sud que l'"intégration" au commerce
mondial, de s'ouvrir à la concurrence, de pratiquer sans
réserve les préceptes de la " libre " circulation
des capitaux et des marchandises (mais pas des êtres humains
!), d'essayer de trouver leur niche en se spécialisant dans
les domaines où ils sont supposés bénéficier
d'"avantages comparatifs", etc.
Dans un contexte qui a radicalement changé, les orientations
préconisées dans ce livre de 1979 conservent-elles
une certaine pertinence et comment alors les remoduler ? C'est ce
que le CETIM a voulu savoir en posant en 1999, les questions suivantes
à divers intellectuels et leaders politiques, syndicaux,
paysans, etc.: selon votre expérience, celles des mouvements
auxquels vous avez pris part, celle de votre pays, est-ce vraiment
la seule voie ? Une certaine déconnexion n'est-elle vraiment
plus d'actualité ? Le tiers monde, devenu "trop"
disparate (ou "n'existant plus"), est-il vraiment incapable
d'une démarche unitaire ? Le front constitué à
Seattle, par exemple, par les pays africains ou ceux des Caraïbes
n'est-il pas porteur d'espoir ? Et surtout, ne peut-on pas constater
la multiplication, à la base, d'expériences alternatives,
de réseaux internationaux, de solidarités nouvelles,
d'une "mondialisation des résistances" ? Face à
la mondialisation actuelle, n'y a-t-il pas d'alternatives ? Ne se
dessinent-elles pas déjà dans la lutte des peuples
? Et, si oui, quelles sont-elles, à votre avis, selon votre
expérience, celle de votre continent, de votre pays, des
gens qui se battent à vos côtés ?
Le dossier ci-dessous contient quelques réponses obtenues. |