Quelle coopération internationale serait vraiment efficace?

07/01/2025

Chronique parue le 06.12.2024 dans la Tribune de Genève, signée par Melik Özden

Lorsqu’on parle de la coopération internationale, il est question bien souvent de l’aide dite au développement. Depuis son essor après la Seconde Guerre mondiale, cette aide de la part des pays industrialisés, officiellement pour soutenir l’économie des États nouvellement décolonisés et autres pays considérés «sous-développés», a été controversée.

Pour les uns, bien que cela ne soit pas toujours déclaré ouvertement, cette aide doit correspondre aux intérêts économiques du pays donateur, être un instrument de domination ou encore tout simplement de la charité.

Pour d’autres, elle doit correspondre aux besoins des pays ou peuples concernés et contribuer à leur autonomisation. Autrement dit, au lieu de créer la dépendance à une aide, il vaut mieux partager les outils adéquats avec les concernés pour qu’ils puissent s’émanciper.

Plusieurs décennies après l’imposition à l’échelle mondiale d’un modèle de développement unique basé sur les politiques néolibérales, le constat est amer: un environnement dévasté, des ressources naturelles saccagées et polluées, la paysannerie en voie de disparition, des services publics à l’agonie, la démocratie et les droits humains bafoués… La proclamation tonitruante des objectifs du millénaire et autres objectifs du développement durable, présentés comme solution à tous les maux de la planète, n’y a rien changé. Et l’attribution de 0,7% du PIB des pays riches à l’aide au développement, décidée au sein de l’ONU il y a plus de 50 ans, n’a jamais été atteinte par la plupart des pays.

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, étant donné que la plus grande partie de l’aide apportée dans ce cadre est bien souvent conditionnée à l’ouverture du marché du pays récipiendaire et à l’achat des produits du pays donateur, même si cela ne correspond pas forcément aux besoins des populations concernées. La coopération au développement de la Suisse, qui se distinguait par sa réputation d’être «désintéressée» il y a encore une quinzaine d’années, s’est progressivement alignée sur la position occidentale dans ce domaine. Elle s’est même fortement fourvoyée ces dernières années, s’éloignant du postulat de base qui est l’amélioration des conditions de vie des populations, en misant sur le rôle accordé aux sociétés transnationales.

Pire, les autorités fédérales prévoient de transférer presque la moitié du budget de la coopération suisse des quatre prochaines années à d’autres domaines tels que la «reconstruction» de l’Ukraine et à l’armée! Les États, y compris la Suisse, qui investissent dans l’armée pour «protéger» leur population, font fausse route. La sécurité réelle et durable réside dans l’investissement pour les services publics, la démocratie, les droits humains et dans une solidarité internationale digne de ce nom.

Il est donc crucial de repenser la coopération internationale sous un angle plus équitable. Plutôt que de perpétuer des modèles de développement imposés et souvent inefficaces, il est essentiel de promouvoir une véritable solidarité internationale qui respecte les besoins des populations locales. Cela implique de mettre l’accent sur le renforcement des capacités locales, la promotion des droits humains, et l’investissement dans des services publics robustes. En fin de compte, la sécurité et la prospérité mondiales ne peuvent être atteintes que par une coopération désintéressée, où chaque pays joue un rôle actif dans la construction d’un avenir durable et juste pour tous.

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