Pour
seul exemple, 20% des pays les plus riches s'approprient 86% du
produit intérieur brut mondial, tandis que les 20% les plus
pauvres n'en détiennent qu'1%. L'extension catastrophique
de la pauvreté, attestée par les rapports des Nations
Unies, les conférences internationales et même les
institutions financières internationales, rend impérative
la mise en œuvre et la promotion de la Déclaration sur
le droit au développement.
Adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU en 1986, cette Déclaration apparaît comme le
rejeton tardif des efforts, entrepris par le mouvement des non-alignés
dans les années 60' et 70', lorsqu'il en avait encore la
force et la conviction, pour imposer un nouvel ordre économique
international (NOEI) plus juste et équitable.
Elle n'a jamais été vraiment mis en œuvre, mais
conserve néanmoins toute sa pertinence juridique, politique
et morale.
Rien d'étonnant dès lors à ce qu'elle soit
sournoisement attaquée aujourd'hui, certains Etats du Nord
tentant de la faire passer définitivement à la trappe,
d'autres d'en édulcorer ou d'en travestir le contenu. Car
elle s'oppose frontalement aux politiques dominantes actuelles,
notamment à celles impulsées par le FMI, la Banque
mondiale, l'OMC, le G-7 ou l'OTAN pour réduire à néant
toute velléité des peuples du Tiers Monde d'adopter
des politiques autonomes et un développement autocentré.
Quant aux nouvelles élites du Sud, pour la plupart plus préoccupées
d'occuper quelques strapontins dans la mondialisation néolibérale
que d'impulser "un processus global, économique, social,
culturel et politique, qui vise à améliorer sans cesse
le bien-être de l'ensemble de la population et de tous les
individus, sur la base de leur participation active, libre et significative
au développement et au partage équitable des bienfaits
qui en découlent" (extrait du préambule de la
Déclaration), elles la défendent le plus souvent mollement
et de manière ambiguë.
A nos yeux cependant, cette Déclaration peut constituer pour
les mouvements sociaux une référence juridique et
morale non négligeable s'ils savent s'en revendiquer et rappeler
à leur gouvernement les engagements pris en l'approuvant,
lorsqu'ils signent les "lettres d'intention" que leur
impose le FMI, ratifient des "accords" de l'OMC ou délivrent
des autorisations d'exploitation et d'investissement à des
sociétés transnationales
C'est dans cet état d'esprit que, depuis de nombreuses années,
le CETIM intervient au sein des instances onusiennes en matière
de droits de l'homme pour que la Déclaration sur le droit
au développement ne soit pas mise aux oubliettes et que sa
mise en œuvre non seulement ne soit plus systématiquement
entravée mais qu'elle soit réellement impulsée.
Seule la pression populaire pourra y parvenir ! |